A l’atelier, côté océanique. En face, les Pyrénées. Mais on ne les voit pas. Ils se cachent derrière les plis des piémonts. Les gelées ont été fort discrètes cet automne. Alors les feuillus sont encore tout chevelus. Ils nous ont régalé de leurs couleurs. Lever les yeux de l’ouvrage, c’est prendre le risque de se perdre dans le paysage.
Ici aussi il peut faire gris. Ici aussi il pleut. Ici aussi les journées sont parfois maussades. Mais c’est ici, l’espace dans lequel on respire.
Quelques heures plus tôt, en tout début de la même matinée, une douzaine de kilomètres plus à l’est. Saute-moutons de l’autre côté du col de Saint-Pierre. Influences méditerranéennes. Les pins s’y sentent bien, mais le roi naturel des peuplements forestiers alentour se nomme le chêne vert. Les vignes ont maintenant perdu leurs feuilles.

  
Une belle récolte de buis en train de ressuyer en plein air mais bien protégée de la pluie ! (dessous, du chêne de deux ans s’en ira réchauffer les froideurs de l’hiver). Chaque rondin a été pesé et numéroté. Les plus gros ont été scié à cœur afin que les tensions du bois se libèrent. De cette manière, le bois ne se fend pas (trop) en séchant ! Après quelques mois à l’air libre, le buis a été rentré dans une grange où il continue de sécher tranquillement, et dans quelques années, ce buis deviendra Spatolino ou Fustèl.

Novembre a été tellement clément ici, que l’atelier d’Elzéard a continué de prendre ses quartiers d’été. A la ponceuse, Baptiste donne leur forme à nos objets. Je donne les finitions et le poli.

Tout au fond les Corbières et au-delà, la mer Méditerranée. Les vignes vont bientôt perdre leur feuillage. Le temps de la taille sera alors venu qui se poursuivra jusqu’en mars. Dans les rangs, petite silhouette penchée, une femme, un homme, cheminera lentement au fil de la journée, un sécateur à la main.

Les aurores vues depuis le village sont souvent ainsi. Belles, puissantes, vives, vivantes. Pour autant que le temps s’y prête, bien sûr. Le mois de novembre nous a gâté.
En décembre, le soleil va poursuivre sa course orientale un peu plus vers le sud, avant d’entamer dans quelques semaines à peine, son impertubable périple qui le fera remonter un peu chaque jour. Au printemps, il se lèvera là-bas vers le nord de l’est, bien à gauche, hors le cadre.

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